Page:Sand - L Homme de neige vol 2.djvu/117

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» Olaüs n’en témoigna aucun dépit ; mais l’on assure qu’il en éprouva de violents regrets, et qu’il se plaignit à ses confidents de l’injustice de la destinée qui le chassait du manoir de ses pères, lui habitué à la vie des champs et ami du repos, pour donner cette belle résidence à un esprit inconstant et inquiet comme celui d’Adelstan. Par ces plaintes, par des épanchements familiers, accompagnés de libéralités aux nombreux serviteurs de la maison, il s’y fît un parti qui bientôt menaça de rendre difficile au frère aîné la gestion des affaires et l’autorité domestique.

» Mon père, qui dut passer ici plusieurs semaines pour amener la conclusion des arrangements, remarqua l’état des choses ; mais il était un peu blasé sur le spectacle monotone des rivalités de famille, et il ne fit peut-être pas au caractère franc et loyal de l’aîné la part qu’il méritait. Il se sentit plutôt gagné par les câlineries et l’apparente bonhomie d’Olaüs, et c’est à lui qu’en dehors des questions d’équité, sur lesquelles mon père maintenait le niveau d’une impartialité rigoureuse, il accordait ses sympathies et sa préférence. Mon père quitta le château après avoir essayé d’y fixer la résidence des deux frères. Olaüs paraissait désirer qu’il lui fût permis de garder un pied-à-terre au Stollborg.