Page:Sand - L Homme de neige vol 2.djvu/127

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» Mais il ne faut pas que j’anticipe sur les événements. La métamorphose du baron, qui ne fut peut-être que la lassitude de lutter contre d’injustes soupçons, ne devint frappante qu’après la mort ou la disparition de tous ceux qui pouvaient le gêner. On croit qu’un des premiers traits de son perfectionnement dans la voie de la ruse fut de faire répandre en Suède le bruit d’une maladie mortelle, qui n’avait, dit-on, rien de fondé ; et, quand on s’est demandé plus tard pourquoi il avait eu cette fantaisie de se donner pour mourant à Pétersbourg, ses ennemis n’ont pu trouver d’autre explication que celle-ci : il voulait ôter toute crainte de lui à la baronne Hilda, afin qu’elle ne vînt pas faire ses couches à Stockholm. Par malheur (je fais toujours parler ici les ennemis d’Olaüs), la baronne donna dans le piège ; elle passa l’été à Waldemora, et, quand elle fut assez avancée dans sa grossesse pour que le voyage lui devînt impossible, car elle était devenue très-faible à la suite de tant de douleurs, le baron Olaüs parut tout à coup, bien vivant et actif, aux environs du château.

» Voilà, Christian, tout ce que je peux vous raconter comme étant le résumé de l’opinion générale. Le reste n’est plus que de l’histoire secrète, et il nous faudra supposer ou deviner la vérité, en attendant les preuves, s’il en existe, et si on les trouve jamais.