au ban de l’opinion publique !… » Donnez-moi un soufflet, monsieur Goefle.
— Comment ! que je vous donne un soufflet ?
— Eh ! oui, sur la joue de mon avocat, et que cela fasse du bruit surtout ; le public rit toujours à ce bruit-là. Tenez bien vos doigts, je vais vous arracher votre bonnet. Voyons, colletons-nous. Bravo ! faites sortir la marionnette de mes doigts avec les vôtres, et lancez-la dans le public. Les enfants courent après, la ramassent, la regardent avec admiration, et la relancent dans le théâtre. Prenez garde de la recevoir sur la tête ! On rit à se tenir les côtes dans le public, Dieu sait pourquoi, mais c’est toujours ainsi. Les injures et les coups sont un spectacle délicieux pour la foule ; pendant cette hilarité, votre personnage quitte la scène d’un air triomphant.
— Et nous respirons un peu, à la bonne heure ! J’en ai besoin, je suis égosillé !
— Respirer ! oh ! que non pas ! l’operante ne se repose jamais. Il faut nous hâter de prendre d’autres personnages pour la scène suivante, et, afin que le public ne se refroidisse pas devant le théâtre vide, il faut parler toujours, comme si les anciens acteurs se disputaient encore dans la coulisse, ou comme si les nouveaux approchaient en devisant sur ce qui vient de se passer.