Page:Sand - L Homme de neige vol 2.djvu/181

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

homme raisonnable, vous ! vous ne sauriez vous affranchir de vos graves préoccupations pour vous mettre sur la tête le bonnet à grelots de la folie ! J’étais un grand indiscret d’accepter.

— Ah çà ! s’écria M. Goefle, pour qui me prenez-vous ? pour un hâbleur qui promet ce qu’il sait ne pouvoir tenir, ou bien encore pour un vieux pédant, incapable de se livrer à un agréable badinage ?

Christian vit que la contradiction était le meilleur stimulant pour ramener l’avocat à son projet, et qu’au fond le digne homme tenait à accomplir ce tour de force de se transformer en agréable baladin sans autre préparation que celle nécessaire à Christian lui-même. Il l’excita donc encore par une feinte discrétion et ne le quitta que lorsqu’il le vit presque piqué de ses doutes, résolu ou plutôt acharné à se mettre en mesure, dût-il manger sans appétit sa soupe au lait et à la bière, et sortir absolument et violemment de ses petites habitudes.

Christian était à la moitié du trajet entre le Stollborg et Waldemora, lorsqu’il se trouva face à face avec une sorte de fantôme noir qui voltigeait par bonds inégaux sur la glace. Il ne lui fallut pas beaucoup de réflexion pour reconnaître M. Stangstadius, porteur comme lui d’une petite lanterne sourde, et se disposant à lui adresser la parole. Comme Chris-