Page:Sand - L Homme de neige vol 2.djvu/204

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salon, et qui devaient, au besoin, éclaircir la voix de son compère et la sienne dans l’entr’acte. Puis il s’installa avec M. Goefle sous le châssis fermé de tapisseries bien assujetties au moyen de crochets au dedans, sur la face et sur les côtés. Le fond était libre et assez reculé dans la petite charpente pour permettre une perspective de plusieurs plans réels.

Les deux operanti attendaient les trois coups, Christian avec calme, M. Goefle avec une impatience fiévreuse qu’il exprimait assez vertement.

— Vous vous dépitez ? lui dit Christian. Allons, c’est que vous êtes ému, et c’est bon signe ; vous allez être étincelant.

— Espérons-le, répondit l’avocat, quoiqu’à vrai dire, il me semble en ce moment que je vais ne pas trouver un mot et rester court. C’est fort plaisant, cela, j’en ai le vertige ! Jamais plaidoyer devant une assemblée sérieuse, jamais question de vie ou d’honneur pour un client, de succès pour moi-même, ne m’a autant agité le cerveau et tendu les nerfs que la farce que je vais jouer ici. Ces bavardes de femmes que l’on entend caqueter à travers les portes ne finiront-elles pas par se taire ? Veut-on nous faire étouffer dans cette baraque ? Je vais leur dire des injures, si cela continue !

Enfin les trois coups furent frappés. Deux laquais