Page:Sand - L Homme de neige vol 2.djvu/247

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avait reçu aucun avis. Johan avait bien fait questionner Ulphilas sur toutes les personnes qu’il avait pu voir au Stollborg dans la journée ; mais Ulphilas, qui n’avait pas vu Marguerite, avait eu, relativement à la figure de Christian, un motif plausible pour répondre fort à propos : c’est la terreur que Christian lui avait inspirée avec ses grimaces et ses paroles menaçantes dans une langue inconnue. Il l’avait vu sans masque beaucoup plus effrayant qu’il n’était apparu à Johan lui-même, et, d’après ses réponses, Johan s’était trouvé confirmé dans son sentiment et le baron dans son erreur. Les renseignements en étaient donc arrivés à cette conclusion, que le beau Christian Goefle avait disparu, et que le véritable Christian Waldo était un monstre.

Le baron apporta au souper cette dernière nouvelle avec une sorte de satisfaction ; car, au moment où il arriva, on faisait encore l’éloge de l’artiste, et il éprouva un certain plaisir à dépoétiser l’homme.

— Vous avez tort, monsieur le baron, lui dit Olga, de lui ôter son prestige aux yeux de la comtesse Marguerite, car elle était enthousiasmée de son débit, et je parie que demain elle n’aura plus aucun plaisir à l’écouter.

Marguerite, placée à peu de distance d’Olga et du baron, feignit de ne pas entendre, afin de se dispen-