ser d’avoir à répondre au baron, s’il cherchait à lier conversation avec elle, comme il l’avait fait plusieurs fois depuis la veille sans y réussir.
— Vous pensez donc, reprit le baron s’adressant toujours à Olga, mais parlant assez haut, que la comtesse Marguerite n’est touchée d’une cause amoureuse qu’autant qu’elle est plaidée par un joli garçon.
— J’en suis certaine, répondit Olga en baissant la voix, et il n’y a plus de jolis garçons pour elle passé vingt-cinq ans.
Olga crut avoir décoché adroitement un trait flatteur dans le cœur de son fiancé quinquagénaire ; mais il était mal disposé, et le trait s’émoussa.
— Elle a probablement raison, répondit-il de manière à n’être entendu que de la jeune Russe ; plus on s’éloigne de cet heureux âge, plus on enlaidit, et moins on doit prétendre à un mariage d’amour.
— Oui, répondit Olga, quand on enlaidit ; mais…
— Mais, quand on n’enlaidit pas trop, reprit le baron, on est encore bien heureux de pouvoir songer à un mariage de raison !
Et, comme Olga allait répondre, il lui ferma la bouche en ajoutant :
— Ne l’accusez pas, cette pauvre fille ; elle a un grand mérite à mes yeux, c’est d’être sincère. Quand