des nouvelles de l’humanité. Aujourd’hui, si le voyageur n’est pas quelque peu riche, il faut qu’il se fasse mendiant, voleur ou histrion…
— Histrion ! s’écria M. Goefle ; pourquoi ce terme de mépris ? L’histrion, que j’appellerai, moi, du nom de fabulateur, parce que c’est l’interprète de l’œuvre d’imagination (fabulata), a pour but de détourner l’homme du positif de la vie, et, comme la majorité de notre sotte espèce est prosaïque et brutalement attachée aux intérêts matériels, les Cassandre qui gouvernent l’opinion repoussent les poètes et leurs organes. S’ils l’osaient, ils repousseraient encore bien plus les prédicateurs, qui leur parlent du ciel, et la religion, qui est une guerre aux passions étroites, une doctrine d’idéalisme ; mais on ne se révolte pas contre l’idéalisme présenté comme une vérité révélée. On n’ose pas. On le repousse quand il vient vous dire naïvement : « Je vais vous prouver le beau et le bien par des symboles et des fables. »
— Et pourtant, dit Christian, les livres sacrés sont remplis d’apologues. C’est la prédication des âges de foi et de simplicité. Tenez, monsieur Goefle, la cause du préjugé n’est pas précisément où vous la cherchez, ou du moins elle n’y est que par la déduction d’un fait que je vais vous signaler. Le comédien n’a pas de liens réels avec le reste de la société. Il ne