Page:Sand - L Homme de neige vol 2.djvu/39

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service en le chargeant de l’entretien, du rangement et de la garde de l’établissement, en même temps que d’une partie du transport sur ses fortes épaules, ainsi qu’il en avait l’habitude ; car je voulais plus que jamais consacrer Jean au service de la science et lui faire porter mon bagage de naturaliste.

» Puffo est certainement un pauvre compère. Il a l’esprit lourd ; mais il ne reste jamais court, vu qu’il a le don de pouvoir parler sans rien dire. Il a un mauvais accent dans toutes les langues ; mais il se fait comprendre en plusieurs pays, et c’est un grand point. Voilà pourquoi je l’ai gardé. Je dialogue peu avec lui ; mais j’ai réussi à le déshabituer des gros mots. Je lui confie les scènes populaires, qui sont comme des intermèdes pour me reposer quelques instants. Quand j’ai trois ou quatre personnages en scène, je tire parti de ses mains et fais parler tous les interlocuteurs avec assez d’adresse pour que l’on croie entendre plusieurs voix différentes. Enfin, monsieur Goefle, vous m’avez vu à l’œuvre et vous savez que j’amuse. Néanmoins nous ne fîmes pas grand’chose en Allemagne, et l’idée me vint qu’en Pologne mes affaires iraient mieux. Les Polonais ont l’esprit français et le goût italien. Nous traversâmes donc la Pologne, et c’est à Dantzig que nous nous sommes, au bout de six semaines de voyages et de