Page:Sand - L Homme de neige vol 2.djvu/40

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succès, embarqués pour Stockholm, où notre recette a été fructueuse. C’est là que j’ai reçu l’invitation du baron de Waldemora, invitation que j’ai acceptée avec plaisir, puisqu’elle me mettait à même de voir le pays qui jusqu’ici m’a le plus intéressé. C’est vers le Nord que se sont toujours portées mes aspirations, soit à cause des grands contrastes qu’il devait offrir à un habitant du Midi, soit par un instinct patriotique qui se serait fait sentir à moi dès l’enfance. Il n’y a pourtant rien de moins certain que cette origine boréale attribuée à mon langage altéré, bégayé ou à demi oublié, par le savant philologue dont je vous ai parlé : n’importe, rêve ou pressentiment, j’ai toujours vu en imagination le romantique pays que j’ai maintenant devant les yeux, et je me fis une fête d’allonger mon chemin pour venir ici, c’est-à-dire de traverser le Malarn et de descendre jusqu’au Wettern pour explorer toute la région des grands lacs.

» Mais il était écrit que les accidents me poursuivraient. Puffo, qui a engraissé depuis qu’il est nourri par moi, et qui commence à reculer devant la fatigue, voulut suivre, dans un traîneau de louage, ce mystérieux lac Wettern, dont les profondeurs semblent troublées par des éjaculations volcaniques. La glace rompit et noya mes habits, mon linge et mon