demande pas mieux que de le croire ; pourtant ce que j’ai observé à Stockholm…
— Hélas ! mon cher enfant, si vous jugez de nous par les intrigues, la vanité, la violence et l’infâme vénalité de notre noblesse actuelle, tant bonnets que chapeaux, vous devez nous croire la dernière nation de l’univers ; mais vous vous tromperiez ; car, dans le fait, nous sommes un bon peuple, et il ne faudrait qu’une révolution ou une guerre sérieuse pour faire remonter à la surface les grandes qualités, les parcelles d’or pur qui sont tombées au fond. En ce moment, vous ne voyez de nous que l’écume… Mais parlons de vous ; vous ne m’avez pas expliqué votre existence à Stockholm. Comment se fait-il que, dans ce pays d’intrigue et de méfiance, vous ayez pu vivre sous le masque et ne pas être inquiété par les trois ou quatre polices qui travaillent pour les différents partis ?
— C’est que je ne vis pas sous le masque, vous le voyez bien, monsieur Goefle ; cela serait fort gênant, et, dès que je suis à cent pas de ma baraque, je n’ai pas de raisons pour ne pas mettre adroitement, et en prenant les plus simples précautions pour dérouter les curieux, mon visage à découvert. Je ne suis pas un personnage assez important pour qu’on s’acharne à me voir, et le petit mystère dont je m’en-