Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/104

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les gens qui n’ont pas d’aussi bons chevaux que les vôtres. Ah çà ! laissez-moi, ajouta-t-il en repoussant doucement le géologue, qui faisait mine de le prendre au collet, ou bien, la première fois que je vous rencontrerai sur le lac, je vous y laisserai geler, au lieu de me meurtrir les épaules à vous rapporter.

Le professeur, sans chercher à reconnaître Christian, continuait à déclamer pour lui prouver que l’accident était arrivé par sa faute, lorsque Christian, qui ne songeait qu’à ramasser son gibier avec Olof, aperçut, au milieu des quatre ours, un homme de haute taille, étendu sans mouvement, la face tournée contre terre. En même temps, un jeune homme vêtu de noir et pâle de terreur arrivait du talus opposé, où il avait été lancé, et accourait en s’écriant :

— M. le baron ! où est donc M. le baron ?

— Quel baron ? dit Christian, qui venait de relever l’homme évanoui et qui le soutenait dans ses bras. En ce moment, le fils du danneman poussa l’épaule de Christian avec la sienne, en lui disant :

— Le iarl ! voyez le iarl !

Et, tandis que le jeune médecin du baron s’empressait d’ôter le bonnet de fourrure que la chute avait enfoncé sur le visage de son malade de manière à l’étouffer, Christian faillit ouvrir ses bras robustes et laisser retomber le moribond dans la neige, en