Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/117

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

c’est qu’il se sentait accablé de sommeil, et qu’il consentait à s’endormir pour jamais en roulant sans secousse au fond du lac. Il s’était même assoupi au point de ne plus savoir où il était, lorsqu’une voix aussi faible que le crépuscule, aussi voilée que le ciel et le lac, chanta près de lui des paroles qu’il écouta et comprit peu à peu.

— Voilà le soleil qui se lève, beau et clair, sur la prairie émaillée de fleurs. Je vois les fées toutes blanches, couronnées de saule et de lilas, qui dansent là-bas sur la mousse argentée de rosée. L’enfant est au milieu d’elles, l’enfant du lac, plus beau que le matin.

» Voilà le soleil au plus haut du ciel. Les oiseaux se taisent, les moucherons bourdonnent dans une poussière d’or. Les fées sont entrées dans un bosquet d’azalées pour trouver la fraîcheur au bord du strœm. L’enfant sommeille sur leurs genoux, l’enfant du lac, plus beau que le jour.

» Voilà le soleil qui se couche. Le rossignol chante à l’étoile de diamant qui se mire dans les eaux. Les fées sont assises au bas du ciel, sur l’escalier de cristal rose ; elles chantent pour bercer l’enfant qui sourit dans son nid de duvet, l’enfant du lac, plus beau que l’étoile du soir.

C’était encore la voix des galets qu’entendait