Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/123

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— Il y a un peu de cela, répondit Christian ; mais je crois qu’il y a aussi du sang humain sur moi. Ah ! monsieur Goefle, c’est toute une histoire !

— Vous êtes pâle ! s’écria l’avocat ; il vous est arrivé quelque chose de plus grave qu’un exploit de chasse… Une querelle… un malheur ?… Parlez donc vite… Vous m’ôtez l’appétit !

— Il ne m’est rien arrivé qui doive avoir ce résultat pour vous. Mangez, monsieur Goefle, mangez. J’essayerai de vous tenir compagnie, et je parlerai français à cause de…

— Oui, oui, répondit M. Goefle en français, à cause des oreilles rouges de ce petit imbécile ; dites, j’écoute.

Pendant que Christian racontait avec détail et précision à M. Goefle ses aventures, ses imaginations, ses commentaires et ses émotions, on entendait au loin les sons de bruyantes fanfares. La disparition du baron s’était accomplie dans la forêt comme elle s’accomplissait si fréquemment dans ses salons. Après avoir tué un daim, se sentant réellement incapable de résister au froid et à la fatigue, et surtout à l’impatience de donner suite à l’affaire dont l’entretenait la missive de Johan, il était remonté en traîneau, sous prétexte d’aller se poster plus loin, en faisant dire aux autres chasseurs qu’ils n’eussent pas à s’oc-