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Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/133

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han. Resté seul avec son maître, que le médecin avait bien recommandé de laisser reposer, pendant que lui-même allait changer de toilette et prendre quelque nourriture, Johan résolut de savoir à quoi s’en tenir sur l’état mental du baron.

— Voyons, mon maître, lui dit-il avec sa familiarité accoutumée, privilège exclusif dont il ne craignait jamais d’abuser, et pour cause, sommes-nous mort, cette fois ? Et votre vieux Johan ne réussira-t-il pas à vous arracher un de ces bons petits sourires qui signifient : « Je nargue la maladie, et j’enterrerai tous les sots qui voudraient me voir au diable ? »

Le baron essaya en vain ce victorieux sourire, qui n’aboutit qu’à une grimace lugubre accompagnée d’un soupir profond.

— Vous m’entendez ? reprit Johan ; c’est déjà quelque chose.

— Oui, répondit le baron d’une voix faible ; mais je suis bien mal cette fois ! Cet âne de docteur… Et il essaya de montrer son bras.

— Il vous a saigné ? reprit Johan. Il dit vous avoir sauvé par là. Espérons-le ; mais il faut que vous le vouliez… Vous savez bien que votre seul remède à vous, c’est votre volonté, qui fait des miracles !

— Je n’en ai plus !

— De volonté ?… Allons donc ! Quand vous dites