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Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/137

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— Johan sortit. Le baron, épuisé de l’effort qu’il venait de faire, perdit connaissance dans les bras de Jacob, et le médecin, précipitamment rappelé, eut beaucoup de peine à le faire revenir. Puis le malade recouvra une énergie fébrile.

— Ôtez-vous de là, docteur, dit-il, votre figure m’ennuie… Vous êtes laid ! tout le monde est laid !… Il est beau, lui, à ce qu’on prétend ; mais cela ne lui servira de rien… Quand on est mort, on devient vite affreux, n’est-ce pas ?… Si je meurs avant lui pourtant… J’ai envie de lui léguer ma fortune… Ce serait drôle ! mais, si je vis, il faut bien qu’il meure, il n’y a pas à dire ! Répondez-moi donc, docteur ; est-ce que vous me croyez fou ?

Le baron, après avoir encore divagué pendant quelques instants, tomba dans une somnolence brûlante. Il était alors six heures du soir. La société du château venait de se mettre à table pour l’aftonward, ce léger repas qui précède le souper.

Nous sommes désolé de faire passer nos lecteurs par tant de repas, mais nous ne serions point dans la réalité si nous en supprimions un seul. Nous sommes forcé de leur rappeler que c’est l’usage général du pays, de manger ou de boire de deux en deux heures, et qu’au siècle dernier personne ne s’en écartait, surtout à la campagne et dans la saison froide. Les