Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/216

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les premiers jours dudit mois. Elle y était probablement retenue prisonnière, et elle y mourait le 28 de la même année. Encore une preuve : voyez ce portrait en miniature ! Regardez-le, Marguerite Elvéda. C’est le comte Adelstan, qui certes n’a pas été peint pour les besoins de la cause ; le peintre est célèbre, et il a daté et signé son œuvre. Ce portrait est pourtant celui de Christian Waldo ! La ressemblance est frappante. Enfin regardez le portrait en pied du même personnage. Ici, même ressemblance, bien que ce soit l’œuvre d’un artiste moins habile ; mais les mains ont été rendues naïvement, et vous voyez bien ces doigts recourbés : montrez-nous les vôtres, Christian !

— Ah ! s’écria Christian, qui marchait dans la chambre avec exaltation, et qui laissa M. Goefle saisir ses mains tremblantes, si le baron Olaüs a martyrisé ma mère, malheur à lui ! Ces doigts crochus lui arracheront le cœur de la poitrine !

— Laissez parler la passion italienne, dit M. Goefle au major, qui s’était levé, craignant que Christian ne s’élançât dehors. L’enfant est généreux ; je le connais, moi ! Je sais toute sa vie. Il a besoin d’exhaler sa douleur et son indignation, ne le comprenez-vous pas ? Mais attendez, mon brave Christian. Peut-être le baron n’est-il pas aussi criminel dans le passé