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Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/22

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sais assez maintenant pour commencer à apprendre, c’est-à-dire pour observer et pour étudier la nature sur elle-même. Ne voit-on pas des secrets sublimes découverts au sein des forces naturelles par de pauvres manœuvres illettrés en qui Dieu avait enfoui, comme une étincelle sacrée, le génie de l’observation ? Et croyez-vous, major Larrson, qu’un homme passionné, comme je le suis pour la nature, manquera de zèle et d’attention parce qu’il mangera du pain noir et couchera sur un lit de paille ? Ne pourra-t-il, en observant la construction des roches ou la composition des terrains, susciter une idée féconde pour l’exploitation… tenez, de ces porphyres qui nous environnent, ou de ces champs incultes que nous traversons ? Je suis sûr qu’il y a partout des sources de richesse que l’homme trouvera peu à peu. Être utile à tous, voilà l’idéal glorieux de l’artisan, cher Osmund ; être agréable aux riches, voilà le puéril destin de l’artiste, auquel je me soustrais avec joie.

— Quoi ! dit le major étonné, est-ce sérieusement, Christian, que vous voulez renoncer aux arts agréables, où vous excellez, aux douceurs de la vie, que les ressources de votre esprit peuvent conquérir, aux charmes du monde, où il ne tiendrait qu’à vous de reparaître avec avantage et agrément, en accep-