Aller au contenu

Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/231

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Écoutez ! reprit M. Goefle. Il a sauté !… Il parle !… Écoutez !…

On entendit la voix de Christian, qui disait aux soldats :

— C’est moi ! c’est moi ! le major m’envoie au château !

— Ah ! le fou ! le brave enfant ! s’écria M. Goefle. Il ne prend conseil que de lui-même ; il s’en va, seul contre tous, à la recherche de Stenson !

En effet, Christian s’était envolé, selon l’expression du danneman, comme l’oiseau de nuit à travers la fente du vieux mur. Le nom de Stenson, prononcé par Karine, lui avait déchiré le cœur.

— Qu’il se réjouisse avant de mourir ! avait-elle dit en achevant son rêve prophétique.

Stenson allait-il mourir, en effet, sous les coups de ses bourreaux, ou bien y avait-il, dans ces navrantes paroles, une de ces cruelles dérisions que nous apporte l’espérance.

Christian se voyait enfermé et paralysé par la prudence du major. Une querelle entre eux à ce sujet était imminente, et, bien qu’il sût combien était dangereuse l’évasion par la brèche, Christian aima mieux se mesurer avec l’abîme qu’avec un des excellents amis que la Providence lui avait envoyés. Il n’avait vu cette issue fortuite de la tour que de trop