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Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/238

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— Qui êtes-vous, monsieur ? répétait le ministre, par qui Christian s’était laissé volontairement désarmer, mais sans lâcher sa proie.

— Je suis Christian Goefle, répondit-il autant par pitié pour les pauvres héritiers que par prudence en leur compagnie ; je viens ici de la part de M. Goefle, mon parent et mon ami, réclamer le vieux Adam Stenson, que ce misérable a peut-être fait assassiner.

— Assassiner ? s’écria le ministre en reculant d’effroi.

— Oh ! il en est capable ! s’écrièrent à leur tour les héritiers, qui haïssaient Johan.

Et, sans se préoccuper davantage de l’incident, ils se pressèrent autour du cher défunt, étouffant le médecin sous leur nombre, l’accablant de questions avides, et repaissant leurs yeux du spectacle de cette face hideusement défigurée, qui les effrayait encore en dépit de leur joie.

Ils ne s’ouvrirent avec déférence que devant l’impassible Stangstadius, qui venait, avec une glace, faire la dernière épreuve, disant que le médecin était un âne incapable de constater le décès. Si Christian eût été moins occupé de son côté, il eût entendu plusieurs voix dire : « Ne reste-t-il plus d’espérance ? » sur un ton qui disait clairement : « Pourvu qu’il soit bien trépassé ! » Mais Christian n’avait pas