Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/264

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nacé Stenson et Karine du même traitement, s’ils insistaient encore pour que la liberté fût rendue à la baronne, et ces fidèles amis avaient dû feindre de vouloir lui complaire pour n’être pas séparés de leur infortunée maîtresse.

Enfin la souffrance et la douleur avaient vaincu les forces de la victime. Elle avait décliné rapidement, et, se sentant mourir, elle avait écrit pour son fils le récit de ses maux, en le conjurant de ne jamais chercher à en tirer vengeance, si des circonstances impossibles à prévoir lui faisaient découvrir le mystère de sa naissance avant la mort du baron. Elle était convaincue qu’en quelque lieu de la terre que son fils fût caché, cet homme implacable, riche et puissant, saurait l’atteindre. Elle faisait des vœux pour qu’il vécût longtemps « dans la médiocrité, dans l’ignorance de ses droits, et pour qu’il eût l’amour des arts ou des sciences bien plutôt que celui des richesses et du pouvoir, source de tant de maux et de cruelles passions sur la terre. » La pauvre mère ajoutait néanmoins, dans la prévision de futurs éclaircissements, que son fils, à qui elle avait donné le nom d’Adelstan-Christian, avait, en naissant, les cheveux noirs et les doigts « faits comme ceux de son père et de son aïeul. » Puis, en lui donnant sa suprême bénédiction, elle lui recommandait de regar-