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Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/265

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der comme sacrée la parole de Stenson et de Karine sur la vérité de tous les faits qu’ils pourraient lui transmettre, sur les souffrances de sa captivité et la constante et inaltérable lucidité de son esprit, en dépit des bruits calomnieusement répandus sur son prétendu état d’aliénation et de fureur.

« Mon âme est calme, disait-elle, aux approches de la mort. Je m’en vais, pleine de résignation, d’espoir et de confiance, dans un monde meilleur. Je pardonne à mes bourreaux. Je n’emporte qu’un regret de cette triste vie, celui d’abandonner mon fils ; mais le succès inespéré de son évasion m’a appris à compter sur la Providence et sur la sainte amitié de ceux qui l’ont déjà sauvé. »

La signature était ferme et large, comme si un dernier effort de la vie eût réchauffé le cœur de la pauvre mourante à cette heure suprême. La date portait : « Aujourd’hui, 15 décembre 1746. »

À la date du 28 décembre de la même année, Stenson avait dressé une sorte de procès-verbal des derniers moments et de la mort de son infortunée maîtresse.

« On l’a privée de sommeil jusqu’à sa dernière heure, disait-il ; Johan et sa séquelle, installés dans la chambre voisine, jurant, criant et blasphémant jour et nuit à ses oreilles, et M. le baron, son beau-frère, venant chaque jour, sous prétexte de voir si