Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/272

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L’occasion de plaider était trop belle pour que M. Goefle pût se retenir de la prendre aux cheveux. Il parla d’inspiration, résuma les faits rapidement, raconta en partie la vie de Christian, après avoir établi son identité par les lettres de Manassé à Stenson, éclaircit les circonstances romanesques des deux journées qui venaient de s’écouler, et sut si bien porter la conviction dans les esprits, qu’on oublia l’heure avancée et la fatigue pour lui adresser des questions, afin d’avoir le plaisir de l’entendre encore ; après quoi, chacun apposa sa signature sur le procès-verbal de la séance.

Le baron de Lindenwald fit une dernière tentative pour relever le courage abattu des autres héritiers.

— N’importe, dit-il en se levant, car les portes étaient ouvertes, et l’on était libre de se retirer ; nous aurons raison de toutes ces fictions ridicules : nous plaiderons !

— J’y compte bien, répondit M. Goefle fort animé, et j’attends les arguments de pied ferme.

— Moi, je ne plaiderai pas, dit le comte de Nora ; je suis convaincu, et je signe.

— Ces messieurs ne plaideront pas non plus, dit l’ambassadeur avec intention.

— Si fait, reprit M. Goefle ; mais ils perdront.