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Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/278

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tira ensuite un rideau de cuir doré, derrière lequel il vit un autel de marbre blanc en forme de sarcophage. Et, comme Stenson, fort ému, s’était agenouillé :

— Êtes-vous donc catholique aussi, mon ami ? lui dit-il.

Stenson secoua la tête négativement, mais sans paraître offensé de ce doute ; des larmes coulaient lentement sur ses joues blêmes.

— Stenson ! s’écria Christian, ma mère repose là ? Cet autel est devenu sa tombe !

— Oui, dit le vieillard, étouffé par les sanglots ; c’est Karine qui l’a ensevelie dans sa robe blanche et couronnée de verdure de cyprès, car ce n’était pas la saison des fleurs. Nous l’avons mise dans un coffre rempli d’aromates, et le coffre, nous l’avons déposé dans ce sépulcre sans tache, qui est comme une représentation de celui du Christ. Je l’ai scellé moi-même, et ensuite j’ai muré la chambre, pour que la tombe de la victime ne fût point profanée. Votre ennemi n’a jamais su pourquoi je tenais à supprimer la porte. Il a cru que j’avais peur des revenants. Il a cru que, d’après son ordre et le refus du ministre d’inhumer religieusement une païenne, j’avais jeté la nuit ce pauvre corps au fond du lac ; mais, quoi qu’en ait pu dire le ministre Mickelson, ce corps