Aller au contenu

Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/288

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

perd sa place et son asile au château de Waldemora. »

M. Goefle reçut plusieurs autres lettres du même genre durant l’été et l’hiver suivants. Le procès n’avançait pas, bien qu’il n’y eût pas de procès proprement dit, les présomptueux faisant une guerre sourde bien plus funeste et apportant d’insaisissables obstacles à la décision du comité.

Christian commençait cependant à être rassasié de hasards, de fatigues et de durs travaux. Il n’en avouait rien à son ami, mais l’exubérance de sa curiosité était apaisée. Les besoins du cœur, éveillés par des espérances peut-être trompeuses, réclamaient souvent le bonheur entrevu. La vie terrible, comme il l’appelait, ne dépassait pas l’héroïsme de ses résolutions et l’énergie enjouée de son caractère ; mais l’âme souffrait bien souvent en silence, et le moment était venu où, selon les expressions du major Larrson, l’oiseau, fatigué de traverser l’espace, s’inquiétait de trouver un ciel doux et un lieu sûr pour bâtir son nid.

La misère visita plusieurs fois Christian, en dépit de son intelligence et de son activité. La vie du voyageur est un enchaînement de trouvailles et de pertes, de succès inespérés et de désastres désespérants. Il gagna de quoi vivre au jour le jour, en trafi-