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Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/287

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avec un peu d’intrigue, si le goût m’en vient, chevalier de l’Étoile polaire.

» Vous me demanderez comment je me suis enrichi de la sorte. C’est en me fatiguant beaucoup, en risquant mille fois de me noyer ou de me casser le cou, en côtoyant beaucoup d’abîmes sur des patins immenses dont j’ai appris à me servir, en pêchant beaucoup de poisson dans l’archipel norvégien, en vendant ma charge de pêche sur place, très-bon marché, à ceux qui ont le génie du trafic, et en risquant pour ce fait de me faire assommer par mes confrères, qui ont renoncé pourtant à cette velléité en voyant que j’avais le bras leste et la main lourde.

» Enfin je pars pour Bergen, où il faut que j’arrive avant le dégel, si je ne veux être enfermé ici pendant six semaines par des tourmentes et des avalanches qu’il n’est pas au pouvoir de l’homme de surmonter.

» Ne vous désolez pas, ô le meilleur des hommes et des amis, si je perds mon procès. Je viendrai à bout d’être quelque chose, et, puisque Marguerite est pauvre, du moment que je suis bien né, je pourrai encore prétendre à elle. Et puis, n’ai-je pas votre amitié ? Je ne demande au ciel que d’être à même de soigner les vieux jours de mon cher Stenson, s’il