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Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/29

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prévoyance le blesse et lui fait l’effet d’un doute sur son hospitalité.

— En ce cas, dit Christian, ne chagrinons pas ce brave homme ; gardons nos vivres, et mangeons ce qu’il a préparé pour nous. Sa maison paraît propre, et voilà ses filles laides, mais fort élégantes, qui servent déjà la table.

— Faisons un arrangement, reprit le lieutenant ; mettons tout en commun et invitons la famille à accepter nos mets, en même temps que nous accepterons les siens ; je vais proposer cela au danneman… si toutefois la chose paraît louable au major.

Le lieutenant ne prenait jamais un parti sur quoi que ce fût sans cette restriction.

La proposition, faite par le major, fut agréée par le danneman d’un air à demi satisfait.

— Ce sera donc, dit-il avec un sourire inquiet, comme un repas de noces, où chacun apporte son plat ?

Toutefois il accepta ; mais, malgré les insinuations de Christian, il ne fut pas même question de faire asseoir les femmes. Cela était trop contraire aux usages, et les jeunes officiers eussent craint de paraître ridicules en proposant au danneman une si grande infraction à la dignité d’un chef de famille.

Pendant que l’on déballait d’un côté et que l’on