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Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/292

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Christian essayait d’être heureux par le travail et le dévouement, car c’est toujours le bonheur que l’homme cherche, même au fond du sacrifice de lui-même. Il soignait les malades et les blessés de la mine. Courant toujours le premier aux accidents avec un courage héroïque, il apprenait, en outre, aux ouvriers à se préserver de ces terribles dangers par le raisonnement et la prudence. Il essayait d’adoucir leurs mœurs et de combattre leur funeste passion pour l’eau-de-vie, mère trop féconde des affreux duels au couteau. On l’aimait, on l’estimait ; mais sa paye passait tout entière au soulagement des estropiés, des orphelins ou des veuves.

— Décidément, se disait-il souvent en entrant dans le tonneau qui le descendait au fond du puits incommensurable, j’étais né seigneur, c’est-à-dire à mon sens, protecteur du faible, et, à cause de cela, je ne pourrai donc pas vivre à la lumière du soleil !

— Christian, lui cria un jour l’inspecteur avec le porte-voix du haut de la gueule effroyable de la mine, laisse là ton marteau un instant, et va recevoir, au bas des pentes, une société qui veut visiter les grandes salles. Fais les honneurs, mon enfant ; je n’ai pas le loisir de descendre.

Comme de coutume, Christian fit allumer les gran-