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Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/291

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nerait ce digne homme ! Et puis, il faut des années pour apprendre un code, et, pendant des années, il me faudrait vivre, moi, jeune et fort, des bienfaits de celui qui, après tant de luttes et de fatigues, a désormais besoin de bien-être et de repos ? Non, non ! j’ai des bras, et je saurai m’en servir en attendant que la destinée me fasse rencontrer l’emploi de mon intelligence.

Et il rentra dans la galerie où il devait, de l’aube à la nuit, creuser, à la lueur d’une petite lampe, et à travers les émanations sulfureuses de l’abîme, le filon de cuivre ramifié dans les entrailles de la terre.

Mais, au bout de quelques jours, le sort de Christian était amélioré. Les chefs l’avaient remarqué et lui confiaient la direction de certains travaux pour lesquels son instruction et sa capacité s’étaient révélées, à un moment donné, sans aucune affectation de sa part. Savant, modeste et laborieux, il occupait les heures du repos à instruire les ouvriers. Un soir, il ouvrit pour eux un cours gratuit de minéralogie élémentaire, et fut écouté de ces hommes rudes qui voyaient en lui un laborieux camarade en même temps qu’un esprit original et cultivé. La salle de ses séances fut une de ces grandes cavernes métalliques auxquelles les mineurs aiment à donner des noms pompeux. Sa chaire fut un bloc de cuivre brut.