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Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/298

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de retourner à Waldemora, où Marguerite était en visite d’une quinzaine au presbytère.

On voulait emmener Christian tout de suite ; mais, d’une part, il n’était pas aussi libre de l’emploi de ses heures qu’on le supposait ; de l’autre, il tenait, plus qu’il ne convenait peut-être à un homme aussi raisonnable, à se revêtir d’un habillement grossier, mais irréprochablement propre. On se donna rendez-vous pour le soir, et Christian, ému et heureux, retourna à ses travaux.

Là, pourtant, des pensées tumultueuses se combattirent en lui-même. Devait-il donc s’obstiner à nourrir l’espoir chimérique d’un amour partagé ? Marguerite avait trop d’élan et de franchise dans son affection pour lui ; ce ne pouvait être là que de l’amitié paisible, sans trouble dans l’âme et sans rougeur au front. L’amour pouvait-il être si spontané, si courageux, si expansif ? Il s’accusait de présomption et de folie. Et puis, tout aussitôt, il s’accusait d’ingratitude : une voix intérieure lui disait que, quel que fût son sort, il trouverait toujours Marguerite résolue à le partager.

Il quittait définitivement son travail, et, préférant de beaucoup le tonneau et la poulie, qui ne lui causaient aucun vertige, au long trajet des escaliers et des pentes, il s’apprêtait à remonter, en un instant