Aller au contenu

Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/43

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

plète chez Christian, qu’il lui sembla avoir déjà entendu clairement cette langue dalécarlienne, tout à l’heure inintelligible pour lui, et qu’en écoutant machinalement la parole douce et grave du danneman, il se mit en lui-même à achever ses phrases avant lui et à y attacher un sens. Tout à coup il se leva, un peu comme un somnambule, et, roidissant sa main sur l’épaule du major :

— Je comprends ! s’écria-t-il avec une émotion extrême ; c’est fort étrange… mais je comprends ! Le danneman ne vient-il pas de dire qu’il avait douze vaches, dont trois étaient devenues si sauvages pendant l’été dernier, qu’il n’avait pu les ramener chez lui à l’automne ? qu’il les croyait perdues, et qu’il avait été obligé d’en tuer une d’un coup de fusil, pour l’empêcher de disparaître comme les autres ?

— Il a dit cela, en effet, répondit le major ; seulement cette histoire ne date pas de l’été dernier. Le danneman dit qu’elle lui est arrivée il y a une vingtaine d’années.

— N’importe, reprit Christian, vous voyez que j’ai presque tout compris. Comment expliquez-vous cela, Osmund ?

— Je ne sais, mais j’en suis moins surpris que vous : c’est le résultat de votre incroyable facilité à