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Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/47

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mon projet de réforme, ne puis-je aussi bien imposer silence à l’imagination, qui se met à caresser le bonheur de l’âme ? Allons donc, Christian ! puisque tu as réglé et décidé que tu n’avais pas de droits particuliers au bonheur, ne peux-tu en prendre ton parti, et te dire : « Il ne s’agit pas de respirer le parfum des roses, il s’agit de marcher dans les épines sans regarder derrière toi ?

Christian sentit son cœur se rompre au beau milieu de cet effort de volonté, et son visage fut inondé de larmes, qu’il cacha dans ses mains en prenant l’attitude d’un homme qui sommeille.

— Eh bien, Christian, s’écria le major en se levant de table, est-ce le moment de dormir, vous qui étiez le plus ardent à la chasse ? Venez boire le coup de l’étrier, et partons.

Christian se leva en criant bravo. Il avait les yeux humides ; mais son franc sourire ne permettait pas de penser qu’il eût pleuré.

— Il s’agit, reprit le major, de savoir qui de nous aura l’honneur d’attaquer le premier Sa Majesté fourrée.

— Ne sera-ce pas, dit Christian, le sort qui en décidera ? Je croyais que c’était l’usage.

— Oui, sans doute ; mais vous nous avez tant divertis et intéressés hier au soir, que nous nous deman-