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Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/60

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ni les sons de l’orchestre ni les feux d’artifice, et tout le monde se disait à l’oreille que, si on en rencontrait un seul, ce ne pouvait être qu’un ours apprivoisé et beau danseur, qui viendrait de lui-même donner la patte au châtelain. Le temps était néanmoins magnifique, les chemins de la forêt fort praticables, et c’était un but de promenade auquel personne ne manqua, même les gens âgés, qui se firent voiturer jusqu’à un pavillon rustique très-confortable où l’on devait déjeuner et dîner, soit que l’on eût tué des ours ou des lièvres.

Quand le château fut à peu près désert, Johan, ayant éloigné sous divers prétextes les valets dont il n’était pas sûr, procéda aux fonctions d’inquisiteur qu’il s’était vanté de mener à bien, et tint ainsi qu’il suit, avec ponctualité, heure par heure, le compte rendu de sa journée :

« Neuf heures. — L’Italien crie la faim et la soif. On le fait taire ; ce n’est pas difficile.

» Personne au Stollborg que Stenson, l’avocat et son petit laquais. Je ne parle pas d’Ulf, l’abruti. Christian Waldo a disparu, à moins qu’il ne soit malade et couché. L’avocat, qui partage sa chambre avec lui, ne laisse entrer personne, et commence à me devenir suspect.

» Dix heures. — Le capitaine me fait demander