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Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/68

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de grandeur antique, Christian se sentit embarrassé de répondre. Il avait, en questionnant Bojtsoï sur Karine, cédé à un mouvement de curiosité qui tenait à des causes mystérieuses en lui-même, et qu’il lui était impossible d’expliquer. Il crut s’en tirer par une rectification du fait.

— Maître Joë, dit-il, je n’ai pas demandé si votre sœur avait peur de l’ours, mais si elle avait été mariée, et je ne vois rien d’offensant dans ma question.

Le paysan le troubla par un regard d’une pénétration extraordinaire.

— La question ne m’offense pas, dit-il, si tu peux me jurer n’avoir écouté, avant de venir chez moi, aucun mauvais propos sur ma famille.

Et, comme Christian, se rappelant les paroles du major, hésitait à répondre, Bœtsoï reprit :

— Allons, allons ! j’aime mieux que tu ne mentes point. Tu n’as pas de raisons pour être mon ennemi, et tu peux me dire ce que l’on t’a raconté de l’enfant du lac.

— L’enfant du lac ! s’écria Christian. Qu’est-ce que l’enfant du lac ?

— Si tu ne sais rien, je n’ai rien à te dire.

— Si fait, si fait ! reprit Christian… Je sais… Je crois savoir…. Parlez-moi comme à un ami, maître Joë. L’enfant du lac est-il le fils de Karine ?