Olof était assez doux ; il ne faisait le terrible que par amour-propre, pour se poser en homme. Il se mit à chanter en suédois, autant pour se désennuyer que pour montrer à son compagnon qu’il prononçait la langue mère plus purement que les autres membres de sa famille. Cette circonstance détermina Christian à le faire causer.
— Pourquoi, lui dit-il, n’es-tu pas venu avec nous quand nous sommes partis pour la chasse ? N’as-tu encore jamais vu l’ours debout ?
— La tante ne l’a jamais voulu, répondit le jeune gars en soupirant.
— La tante Karine ?
— Il n’y en a pas d’autre chez nous.
— Et on fait tout ce qu’elle veut ?
— Tout.
— Elle avait fait sur toi quelque mauvais pronostic ?
— Elle dit que je suis trop jeune.
— Et elle a raison peut-être ?
— Il faut bien qu’elle ait raison, puisqu’elle le dit.
— C’est une femme qui en sait plus long que les autres, à ce qu’il paraît ?
— Elle sait tout, puisqu’elle cause avec…
— Avec qui cause-t-elle ?