Page:Sand - La Coupe, Lupo Liverani, Garnier, Le Contrebandier, La Rêverie à Paris, 1876.djvu/308

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reux je donnerais tous les baisers de ma belle pour un soufflet appliqué à un pédant. Moi qui suis un amant trompé, je vendrais mon âme pour un coup d’épée dans la poitrine de mon rival. Moi qui suis un meurtrier et un proscrit, je donnerais tous les amours et toutes les vengeances de la terre pour un instant de gloire. Moi qui suis un guerrier vainqueur, je donnerais toutes les palmes du triomphe pour un instant de repos avec ma conscience. Moi qui suis un pénitent absous, je donnerais toutes les indulgences du pape pour une heure de fièvre poétique. Et moi enfin qui suis un poète, je donnerais toute la guirlande d’or des prix Floraux pour l’éclair de l’inspiration divine… Mais quand mon chant ouvre ses ailes, quand mon pied repousse la terre, quand je crois entendre les concerts divins passer au loin, un voile de deuil s’étend sur ma tête maudite, sur mon âme flétrie ; l’ange de la mort m’enveloppe d’un nuage sinistre ; éperdu, haletant, fatigué, je flotte entre la lumière et les ténèbres, entre la foi et le doute, entre la