Page:Sand - La Coupe, Lupo Liverani, Garnier, Le Contrebandier, La Rêverie à Paris, 1876.djvu/317

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J’oserai soutenir que les gens distraits, pour cent périls qu’ils courent encore dans Paris, y bénéficient déjà de la compensation de cent mille joies intimes et réelles. Quiconque possède cette précieuse infirmité de la préoccupation dira avec moi que je ne soutiens pas un paradoxe. Il y a dans l’air, dans l’aspect, dans le son de Paris, je ne sais quelle influence particulière qui ne se rencontre point ailleurs. C’est un milieu gai, il n’y a pas à en disconvenir. Nulle part le charme propre aux climats tempérés ne se manifeste mieux (quand il se manifeste) avec son air moite, ses ciels roses moirés ou nacrés des tons les plus vifs et les plus fins, les vitres brillantes de ses boutiques follement bigarrées, l’aménité de son fleuve ni trop étroit ni trop large, la clarté douce de ses reflets, l’allure aisée de sa population, à la fois active et flâneuse, sa sonorité confuse où tout s’harmonise, chaque bruit, celui de la population marinière comme celui de la population urbaine ayant sa proportion et sa distribution merveilleusement fortuite. À Bordeaux ou à Rouen, les voix