Page:Sand - La Coupe, Lupo Liverani, Garnier, Le Contrebandier, La Rêverie à Paris, 1876.djvu/85

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nément, s’écria Bertha méfiante, ou je jure que vous ne l’aurez pas. » La fée, irritée, alla se plaindre à la reine. « Ces êtres sont insensés, lui dit-elle. Ils ne comprennent pas ce que nous sommes pour eux. Ils nous doivent tout, la sécurité, l’abondance, l’offre de tous les dons de la science et de l’esprit. Eh bien ! ils ne nous en savent point de gré. Ils nous craignent peut-être, mais ils ne veulent point nous chérir sans conditions.

XXVIII

— Zilla, dit la reine, ces êtres ont raison. La plus belle et la plus précieuse chose qu’ils possèdent, c’est le don d’aimer, et ils sentent bien que nous ne l’avons pas. Nous qui les méprisons, nous sommes tourmentées du besoin d’inspirer l’affection, et le spectacle de leur bonheur éphémère détruit le repos de notre immortalité. De quoi nous plaindrions-nous ? Nous avons voulu échapper aux lois rigides de la mort, nous échappons aux douces lois de la vie, et nous sentons un regret profond que nous ne pouvons pas définir.