Page:Sand - La Daniella 1.djvu/200

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ce brasero tout allumé. — J’espère que vous n’aurez plus froid, me dit-elle. Le brasier d’en bas est trop grand pour votre chambre ; il vous aurait donné mal à la tête, et ma nièce m’a empêché hier au soir de vous le monter ; mais elle en avait un plus petit, que voilà.

— Elle s’en prive pour moi ? C’est ce que je ne veux pas.

Et j’appelai la Daniella, qui chantait dans le grenier voisin.

— Vous êtes beaucoup trop bonne pour moi, lui dis-je, pour moi qui ne suis plus malade, et qui n’ai été dans votre vie qu’un incident fâcheux et désagréable. Je vous remercie bien amicalement et bien fraternellement ; mais je vous prie de garder pour vous ce meuble, encore utile dans la saison où nous sommes.

— Et qu’en ferais-je ? répondit-elle : je ne rentre dans ma chambre que pour dormir.

Et, sans attendre ma réponse, elle dit à la Mariuccia que mon déjeuner était prêt, et qu’elle allait me le servir.

— Ne tardez pas à descendre, ajouta-t-elle en s’adressant à moi avec gaieté, si vous ne voulez pas que vos œufs frais soient durs, comme hier !

Et elle descendit légèrement le dédale d’escaliers rapides qui conduit aux degrés de pierre des étages inférieurs.

— Comme hier ? dis-je à la Mariuccia, qui commençait à ranger ma chambre. Votre nièce était donc ici déjà hier matin ? Elle y vient donc tous les jours ?

— Mais certainement. Elle n’a pas encore beaucoup d’ouvrage dans le pays. Elle a un peu perdu sa clientèle, mais elle la retrouvera vite : elle est si aimée et si bonne ouvrière ! En attendant, elle m’aidera à mon ouvrage comme elle faisait souvent autrefois. C’est une bonne fille qui m’aime bien et qui est vive comme un papillon, douce comme un enfant, complaisante comme un ange. Est-ce que cela vous gêne qu’elle trotte dans la maison autour de moi ? Ça ne vous