me voilà niché, me permettront d’allumer mon feu sans crainte d’être trahi par la fumée.
J’étais devenu d’une extrême méfiance. Dès qu’il s’agissait de recevoir là ma chère compagne, je voulais qu’elle y fût en sûreté. Je me mis donc à faire la tour de ma forteresse, examinant les issues avec un soin minutieux. Il y en a deux principales au midi, tout près l’une de l’autre : celle de la grande cour et celle du parterre qui lui est parallèle ; toutes sont en bois de charpente, traversées de lourds madriers et ferrées solidement. Sous tes bâtiments de la cour, à l’ouest, et sur le terrazzone, au nord, plusieurs ouvertures manquent de portes, et beaucoup de fenêtres sont sans menuiserie ; en outre, toute la grande galerie de l’ouest est complètement à jour ; mais toutes ces ouvertures sont situées à une hauteur considérable an-dessus du soi extérieur, à cause des gradins de la montagne, et toutes les portes de dégagement sont bouchées par des tas de moellons ou par des piles de bois de charpente qui braveraient un assaut. Tout cela est au moins à l’abri d’une surprise. Il n’y a pas une seule brèche qui ne soit hors de portée, à moins d’échelles de siège, dont je ne présume pas que Frascati soit bien riche. À supposer que l’on envoyât de la gendarmerie pour abattre une de ces clôtures, cela ne pourrait pas se passer sans un grand bruit ; les assiégés auraient tout le temps de déguerpir d’un autre côté et de se cacher dans une de ces mille retraites qu’offrait les montagnes, les ruines, les couvents et les bois voisins. Ce pays semble disposé tout exprès pour que jamais le pouvoir officiel ne puisse avoir raison de ceux qui veulent se soustraire à ses volontés, et la preuve, c’est que le brigandage y règne en tout temps et y semble indestructible.
Je faisais ces réflexions en traversant la petite galerie sombre du pianto. La nuit était venue, et je m’arrêtais de