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Page:Sand - La Daniella 2.djvu/112

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supposaient dépourvues du moyen de défense des meurtrières. C’était à moi de les recevoir, et Onofrio, devinant leurs mouvements, se porta à la quatrième ouverture, orientée vers Monte-Cavo.

Quand les assaillants virent que nous avions ouvert le feu ils nous firent voir, à leur tour, que plusieurs d’entre eux avaient des fusils. Ils essayèrent une décharge sur la petite fenêtre à travers laquelle s’échappait peut-être un faible rayon de la clarté de la lampe. Mais leur plomb rencontra la grosse bûche, que le berger se contenta de repousser pour fermer plus hermétiquement l’embrasure. Nous pûmes en compter cinq réunis un instant. Ils se dispersèrent aussitôt, et leurs ombres, opaques dans le brouillard, parurent se multiplier en tournant autour de la cabane ; mais peut-être n’étaient-ils réellement que cinq changeant de place.

Leur obstination était le seul indice à peu près certain de la supériorité marquée de leur nombre sur le nôtre. Ils semblaient déterminés à venir chercher, sous notre feu, leurs compagnons morts ou blessés, ou à les venger en nous exterminant ; car, entre chaque décharge, ils gagnaient évidemment du terrain, et, si nos coups portaient, nous ne pouvions plus le savoir. Nos ennemis approchaient en rampant dans l’herbe haute et serrée qui environnait la cabane. Nous usions peut-être nos munitions en pure perte, car il nous fallait tirer et recharger sans relâche. Nous sentions bien qu’une fois collés aux murs et accrochés à un toit si facile à escalader, ils étaient maîtres de la situation. Qu’ils pussent mettre le feu à notre abri de litière, et nous étions perdus. Sans l’humidité des dernières heures de la nuit, la bourre de leurs fusils eût suffi pour incendier notre pauvre forteresse.

Ce siége dura au moins un quart d’heure, pendant lequel il nous fut impossible de savoir où nous étions. Si nos