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Page:Sand - La Daniella 2.djvu/122

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— C’est donc à ce village que je dois grimper de mon côté ?

— Non pas ! quand vous aurez grimpé, vous trouverez une drôle de construction, une vilaine bâtisse, et vous y resterez jusqu’à ce que je vienne vous chercher. Vous serez là tout seul avec le vertige, mais la tête pourra vous tourner sans inconvénient : il y a encore un rebord à la plate-forme.

— Ne craignez rien pour moi ; courez chez Daniella.

— Oui, je commencerai par elle ; après quoi, je tirerai de sa niche ce pauvre Tartaglia, qui doit s’ennuyer beaucoup, et qui sera bien aise de déjeuner pour chasser les idées noires. Ça me fait penser que vous allez jeûner là-haut !

— Cela m’est fort égal : je n’ai envie que de dormir.

— Quand vous aurez dormi, la faim viendra. Diable ! Voilà un peu de tabac et ma pipe, et ma fiole d’anisette avec une tasse de cuir pour puiser l’eau, qui ne vous manquera pas.

— Non, non. Gardez tout cela ; vous en aurez besoin pour retourner, car vous avez encore de la fatigue devant vous.

— Bah ! ce n’est rien. Depuis que j’ai vu Masolino salé avec mes chevrotines, je me sens reposé. Je vas seulement boire un coup à votre santé, pour chasser l’envie de faire un somme en m’en retournant.

Il remplit d’eau sa tasse de cuir, y versa quelques gouttes d’eau-de-vie anisée, et me la présenta en disant : Après vous ! avec une courtoisie enjouée.

— Oh ! mais, s’écria-t-il quand nous fûmes désaltérés, qu’est-ce que je vois là ? La Providence est avec vous, mon camarade. Prenez ce qu’elle vous envoie. C’est mauvais, mais ça nourrit, et me voilà tranquille sur votre compte.