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Page:Sand - La Daniella 2.djvu/142

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comme pour respirer. Je vois que vous vous cachez mal, et je suis plus prudente que vous ; car vous vous laissez apercevoir et moi j’ai dit au groom de se cacher un peu plus loin avec les chevaux, pour ne pas éveiller l’attention des passants. Nous pouvons causer cinq minutes, j’imagine. Dites-moi pourquoi vous êtes-là ! Vous n’avez donc pas pu rentrer encore à Mondragone ?

— Non, madame ; ce ne sera que pour la nuit prochaine.

— Vous êtes là tout seul ?

— Oui, pour quelques instants.

— Qui attendez-vous ? Daniella, je parie ? Je viens de la rencontrer à Grotta-Ferrata, à la porte du monastère, au milieu d’un enterrement. J’ai eu une émotion affreuse ; j’ai cru qu’il vous était arrivé malheur et que c’était vous qu’elle conduisait au cimetière. J’ai failli m’arrêter pour lui parler, à cette fille ! mais elle ne me voyait pas, elle était absorbée. Il aurait fallu approcher trop, et attirer tous les regards sur moi. J’ai espéré que les passants me diraient quelque chose ; je n’ai pas rencontré une âme jusqu’ici, où, en regardant toujours avec attention, pour tâcher de découvrir un paysan qui me renseignerait sur ce mort, je vous ai aperçu. Ah ! Valreg, que je suis heureuse de vous voir là vivant !

Ces dernières paroles furent dites avec l’accent saccadé et la physionomie nerveuse qu’elle avait à Tivoli, et je crus devoir la remercier avec un très-froid respect de l’intérêt qu’elle prenait à moi.

— Je ne me serais jamais consolée d’un pareil événement, dit-elle d’un air préoccupé. Mais est-ce que c’est Felipone qui a été tué ?

— Non, Dieu merci, ce n’est personne qui vous intéresse.

— Mais, pardon, peut-être ! Ce n’était pas pour un inconnu que la Daniella se trouvait là en prières ?