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Page:Sand - La Daniella 2.djvu/177

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sur le bras de Brumières, dans le stradone de Piccolomini.

— J’entends ! dit la Mariuccia, qui vit la contrariété sur ma figure. Il ne faut pas dire que la Medora est chez nous ? Ce sera difficile ; c’est la première question qu’elle va me faire.

— Attendez que je sois de retour pour lui répondre. Je ne tarderai pas.

Comme la Mariuccia s’éloignait sur le chemin que je venais de faire, je fus salué par un éclat de rire moqueur de Medora, et je l’entendis dire, exprès, tout haut à Brumières :

— C’est une jolie tante à embrasser que la Mariuccia ! Il fera bien de se peigner en rentrant chez lui !

— Je vois, à votre gaieté, lui dis-je en la saluant, que lady Harriet est moins malade que je ne le craignais ?

— Pardonnez-moi, répondit-elle, en prenant tout à coup l’air d’une tristesse de commande ; ma pauvre tante va mal, et nous la perdrons peut-être !

Le son de sa voix était si sec, que j’en fus révolté.

— Daniella, pensais-je, que ne peux-tu lire en moi l’antipathie croissante que cette belle poupée m’inspire.

Je saluai de nouveau et passai outre, sans même excuser mon impatience. J’entendis encore ces mots : « Il est déjà devenu grossier !» dits à Brumières avec l’intention évidente que je les entendisse. Je levai mon chapeau sans me détourner, comme pour remercier de cette douceur à mon adresse, et je descendis l’allée en courant.

Lord B*** m’attendait sur le perron. Il était affreusement changé.

— Eh bien ! vous voilà enfin ? me dit-il en me prenant les mains. J’avais bien besoin de vous ! Elle est mal ! On ne me dit pas toute la vérité, mais je la sens là, dans mon cœur qui s’en va avec sa vie ! Je l’aimais, Valreg ! Vous ne croiriez pas cela ? C’est pourtant la vérité, je l’aime toujours. Mon