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Page:Sand - La Daniella 2.djvu/212

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— Mais… écoute encore ! Sais-tu que je n’ai rien ?

— Je ne t’ai jamais demandé si tu avais quelque chose.

— Ma petite toilette, qui tient dans ce coffre, et le pauvre petit mobilier que tu vois, c’est tout ce que je possède. J’avais un peu d’argent et des bijoux donnés par lady Harriet ; je n’ai rien voulu accepter de sa nièce en la quittant ; mais Masolino, en m’enfermant dans ma chambre, a tout pillé sous prétexte de m’empêcher de secourir les conspirateurs, et je ne sais ce que cela est devenu. On n’a rien trouvé sur lui ni chez lui.

— Eh bien, tant mieux ! Je t’aime mieux ainsi.

— Tu n’es pas inquiet ?

— Non !

— Et tu serais fâché peut-être que j’eusse gagné beaucoup d’argent au service de lady Harriet ?

— Cela me serait indifférent.

— Mais, si j’avais accepté les dons que Medora voulait me faire ?

— J’en serais humilié. Je te sais un gré infini de les avoir si fièrement refusés.

Elle m’embrassa, et me pressa de dîner pour aller faire notre visite de tous les soirs à la malade de Piccolomini. Je trouvais ma chère femme un peu agitée et comme impatiente de sortir. J’attribuais sa préoccupation à ce que je lui avais dit de Vincenza et de Brumières ; je l’avais engagée à sermonner cette petite femme, ou, tout au moins, à lui recommander la prudence. Daniella, qui est très-attachée à son parrain Felipone, était indignée de cette nouvelle trahison.

Lady Harriet va de mieux en mieux. Daniella passa une heure auprès d’elle, puis monta chez Medora, et, au retour, m’embrassa avec effusion sous les platanes de la villa Falco-