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Page:Sand - La Daniella 2.djvu/213

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nieri.

— Tu m’as donné un bon conseil, dit-elle, et grâce à toi, je suis délivrée d’un tourment cruel. À présent, tu auras ma confession ! Écoute !




L


— L’autre jour, quand Medora, après avoir fait tout son possible pour te plaire, m’a demandé à parler avec moi, elle était si tourmentée, si humiliée, si en peine de trouver un moyen de relever son orgueil, qu’elle me faisait de la peine à moi-même. Elle était si bien sous mes pieds après avoir échoué, même en t’offrant son amitié, que je ne lui en voulais plus du tout. J’étais assez vengée, je me sentais généreuse. Elle avait une peur affreuse de moi, elle voyait bien que j’avais entendu ce que vous aviez dit ensemble, et l’idée d’être bafouée par une fille de rien comme moi, pour une chose qui n’est pas bien grave, lui faisait plus de mal que si une autre eût surpris le secret de quelque crime. Je t’assure que cela est comme je te le dis. J’ai vu Medora faire des imprudences comme jamais une signora anglaise et une fille du grand monde n’oserait s’en permettre. Elle me racontait cela en riant et en dansant par la chambre ; mais vouloir tourner la tête d’un homme et n’y pas réussir, voilà où je lui étais un témoin bien amer et une rivale qu’il lui eût été bien doux d’étrangler.

— Pourtant, repris-je, tu m’as dit qu’elle avait été douée, loyale et généreuse.

— Oui ; elle n’avait que ce rôle-là à jouer, et elle l’a joué. Tout ce que je t’ai rapporté est vrai. Elle a bien parlé, et elle m’a embrassée.