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Page:Sand - La Daniella 2.djvu/23

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une ligne ou un volume. Je vais reprendre mon récit où je l’ai laissé.

Le bandit fit plusieurs tentatives pour quitter la compagnie, qu’il escortait et pour se glisser dans l’intérieur ; mais Olivia, qui s’était fait accompagner de son fils aîné, et qui apparemment avait conçu quelque soupçon, ne le perdit pas de vue et l’obligea de sortir, au bout de quelques instants, avec la famille marseillaise à laquelle il s’était donné pour guide. Elle referma les portes à grand bruit pour m’avertir que le danger était passé, et Tartaglia me servit mon dîner comme si de rien n’était.

— Tu penses donc, lui dis-je, que cet honnête personnage est de la police ?

— J’en suis sûr, mossiou. Vous allez dire que j’en suis aussi ; mais cela n’est pas. Je sais que celui-ci en est, parce que c’est lui le témoin qui a déposé pour Masolino, affirmant qu’il vous avait vu souiller et profaner l’image de la madone, et parce que son témoignage a été admis tout de suite, sur quelques mots échangés entre lui et le commissaire.

— Tu étais donc là, toi, que tu sais comment les choses se sont passées ?

Tartaglia se mordit les lèvres et reprit :

— Eh bien, quand j’y aurais été ? Que savez-vous si l’on ne m’a pas appelé, comme citoyen honorable, pour donner des renseignements sur votre compte ?

— Et qu’as-tu dit de moi ?

— Que vous étiez un jeune homme incapable de conspirer, un artiste un peu sot, un peu fou, un peu bête.

— Merci !

— C’était le moyen de détourner les soupçons, et vous voyez que je ne me conduisais guère en mouchard, puis-