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Page:Sand - La Daniella 2.djvu/243

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— Voilà, s’écria-t-il, ce qui vient de passer par la tête de Medora : un mariage comme le vôtre, un matrimonio segreto, un mariage alla pianeta !

— Et avec qui ? lui demanda en souriant Daniella.

— C’est ce que je me suis d’abord demandé à moi-même ; mais j’ai fini par me procurer l’agréable persuasion que ce serait avec moi.

— Contez-nous ça.

— Je ne viens que pour vous le raconter. Sachez donc que depuis votre mariage bizarre, ma princesse rêve sans cesse à la commodité, à la gaieté, au sans-gêne et à la promptitude d’un pareil moyen pour échapper, en cas de parti pris sur le conjungo, aux ennuyeuses formalités, aux lenteurs, aux commentaires, aux cérémonies du mariage officiel. Elle dit qu’elle ne se mariera jamais si, entre le oui dit dans un salon et le oui dit à l’autel, elle a quinze jours de réflexion.

— « C’est ce qu’a fort bien senti M. Valreg, ajoutait-elle. Il a craint les représentations de sa famille et ses propres objections ; il a voulu se prendre lui-même par surprise ; il m’a donné un exemple à suivre. Il faut que je me marie, c’est décidé ; et comme je n’aime personne, je serai à qui voudra bien m’aimer passionnément, sans autre espoir que celui de mon amitié, sans autre garantie de bonheur que celle de ma vertu. Ma tante et mon oncle vont s’opposer, comme ils l’ont déjà fait, à ce qu’ils appelleront un coup de tête. Lady Harriet qui s’est si bien trouvée, comme l’on sait ; de son mariage d’amour, fait comme le renard de la fable, qui avait la queue coupée, et ces bons parents, avec leur désir effréné de faire mon bonheur, ne s’occupent qu’à prolonger indéfiniment mon ennui et leurs tracasseries. Donc, au premier jour, je vas leur dire : « J’épouse Pierre ou Paul. » Ils répondront que ni Pierre ni Paul ne me conviennent, que je suis folle, compliment qu’on m’a