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Page:Sand - La Daniella 2.djvu/263

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pas pour les gens qui ne s’y connaissent pas, c’est pour les artistes.

Brumières, un peu piqué, s’obstina à dire qu’il était à peu près impossible de distinguer une copie bien faite d’un original.

— Je ne suis pas orfèvre, répondit froidement Onofrio ; je suis berger. Je ne fais pas de bijoux, j’en trouve. Je n’ai jamais été dans les boutiques de Naples ; je retourne et fouille les pierres de Tusculum. Ce n’est pas à moi que vous persuaderez que j’ai acheté ou fabriqué cette agrafe.

— Un voyageur peut l’avoir achetée à Florence ou à Naples, et l’avoir perdue à Tusculum.

— Comme vous voudrez ! dit le berger en reprenant le bijou avec un profond dédain.

Brumières l’avait blessé, non-seulement dans sa probité, mais encore dans son amour-propre d’antiquaire. Je regardai du côté de Felipone, qui marchait à quelque distance avec Daniella. Je me disais qu’en cas de mauvais dessein de la part du mari de Vincenza, ce ne serait probablement pas Onofrio qui porterait grand secours à l’imprudent Brumières.

Ce dernier, qui n’avait rien à offrir à sa fiancée, et qui trouvait là la seule occasion de lui faire un présent, s’obstina à marchander et offrit jusqu’à deux cents francs de la broche étrusque.

— Non, lui dit Onofrio ; je ne la donnerais pas à M. Valreg pour ce prix-là ; pour vous, ce sera cinq cents francs.

— Merci de la préférence ! s’écria Brumières. Vous m’en voulez donc ?

— Vous avez voulu me tromper, je vous rançonne.

— Allez au diable !