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Page:Sand - La Daniella 2.djvu/280

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c’était d’aller à Piccolomini ou à Rocca-di-Papa. Nous prîmes ce dernier parti. C’était à sept heures que le mariage devait avoir lieu, et Brumières nous avait dit qu’il irait le premier, avant la pointe du jour. Medora devait être en route. En nous rendant au plateau del buco par le revers de Tusculum, nous pouvions arriver à temps pour la messe.

Quelque diligence que nous pûmes faire, la messe finissait quand nous entrâmes dans la ville. Les précautions n’avaient pas été prises avec assez de soin pour que la curiosité ne fût pas éveillée par la dévotion matinale d’une jeune dame déjà connue dans l’endroit, et qui arrivait au galop de son cheval pour entendre la messe ; Medora avait dédaigné de prendre un déguisement et de laisser Otello dans le bois. Il piaffait, au beau milieu de la rue, avec deux autres chevaux de belle apparence que tenait le petit groom laissé par le prince à sa belle ingrate. La population se pressait autour de l’église, située sur la plus grande place de l’endroit, c’est-à-dire sur une petite plate-forme de rochers très-irrégulière, à laquelle on monte par quelques marches taillées dans la lave.

Nous vîmes alors sortir la petite foule qui avait pu pénétrer dans le sanctuaire, et une voix qui me fit tressaillir de surprise cria sous le portail :

— Place, place, rangez-vous donc !

C’était la voix de Tartaglia, et bientôt nous le vîmes apparaître en grande tenue de majordome, donnant le bras à Felipone souriant et endimanché. C’étaient là les deux témoins du mariage de Medora avec…

Devinez ! Pour moi, je crus rêver et ne pus trouver une parole pour exprimer ma surprise à Daniella, qui, malgré ses angoisses récentes, partit d’un éclat de rire nerveux en voyant sortir de l’église, à leur tour, les deux nouveaux époux : le prince et Medora, désormais princesse de Monte-Corona.